18.12.12: Plein de choses bougent

Interview de Rote Fahne avec le président du MLPD, Stefan Engel

Rote Fahne : D'abord félicitations pour la réélection comme président du parti! Une année 2012 mouvementée prend sa fin. Quelle importance avait-elle pour le MLPD ?

Stefan Engel : Depuis quatre ans la crise économique et financière mondiale persiste. Cela a permis aux forces destructives de l’impérialisme à se déployer énormément et a fait bouger plein de choses qui semblaient immuables. Les structures du capitalisme monopoliste d'État, soigneusement mises sur pied après la Seconde Guerre mondiale, ne fonctionnent plus correctement. Le néocolonialisme se trouve dans une crise profonde. Les zones d'influence et de domination des vieux pays impérialistes sont remises en question ouvertement par les mouvements insurrectionnels démocratiques et par la concurrence impérialiste. Les rapports de forces entre les pays impérialistes dominants ont changé dans une large mesure : Le centre de la production capitaliste mondiale s'est déplacé du vieux monde vers l’Asie. Un nouvel axe transpacifique dominant entre l'Asie et les États-Unis a pris la relève de l'ancien axe central transatlantique entre les États-Unis et l'Europe.

Le calme relatif dans la lutte de classe aussi prend sa fin. Les grèves et manifestations de masse, en particulier en Europe du Sud, rayonnent au niveau mondial et transmettent une nouvelle assurance à la classe ouvrière, au mouvement populaire, mais aussi au mouvement de la jeunesse. Les dominants ont de grands problèmes à maintenir leur influence sur les gens avec leur manipulation d'opinion au moyen du système du mode de pensée petit-bourgeois. Des conflits avec l'appareil d'État se multiplient. Parmi les masses s'est développé un scepticisme profond face à l’aptitude de fonctionner du système social capitaliste. Une gestion de crise fébrile détermine les actions du capital financier international dominant sans partage, des États impérialistes et de leurs gouvernements. L’échéance de leurs activités pour étouffer les divers feux qui couvent dans la crise économique et financière mondiale est de plus en plus courte.

Depuis un certain temps déjà, le MLPD a analysé et pronostiqué cette propension à produire des crises et s’est préparé au niveau idéologico-politique et organisationnel à cette situation en train de changer. Avec les livres « Crépuscule des Dieux sur le ″nouvel ordre mondial″ » et « L'Aube de la révolution socialiste internationale » que l'organisation a assimilé intensément entre-temps le parti est bien préparé aux nouveaux développements. Le IXe Congrès a mis en évidence la substance consolidée du MLPD et révélé son grand potentiel de résoudre avec succès tous les problèmes et tâches auxquels il doit faire face. Je suis fermement convaincu qu’en 2012 des conditions objectives et subjectives importantes sont arrivées à maturité qui permettent un bond qualitatif dans le développement du MLPD vers le parti des masses.

Rote Fahne : Parlons encore de la crise économique et financière mondiale. Le gouvernement fédéral essaie, depuis deux ans déjà, de nous convaincre que la crise économique mondiale a été surmontée depuis 2009/2010 – pour ainsi dire comme confirmation de la « réussite » de leur « gestion de crise ». Que faut-il penser de tels avis ?

Stefan Engel : Il n'y a aucun doute que l'économie allemande a connu une phase de relance temporaire entre 2009 et 2011 et a pu atteindre presque le niveau d’avant la crise. Cependant c'est de la pure propagande utilitaire d'affirmer que la crise économique et financière mondiale ou la crise économique en Allemagne serait surmontée. Que s'est-il passé? Lorsqu’en 2008, après l'effondrement des plus grandes banques aux États-Unis, la crise économique et financière mondiale éclata, une gestion de crise internationale sans précédent se forma. Toutes les contradictions inter-impérialistes furent temporairement mises de côté pour résoudre le problème le plus important : venir à bout de la crise économique et financière mondiale – et ainsi éviter une déstabilisation incontrôlable du système capitaliste mondial et le développement d'une crise révolutionnaire mondiale. En effet, on y est parvenu temporairement en 2009/2010 avec de grands efforts. Le système financier mondial a pu être maintenu artificiellement encore une fois, en lui injectant des capitaux gigantesques d’un montant allant dans les billions. Après que l'économie mondiale avait subi une chute d’une vitesse, dimension et profondeur sans précédent, la récession économique fut freinée par des mesures de grande ampleur. De cette façon fut stoppé le processus de la destruction de capital qui se déroule habituellement dans une crise de surproduction. Les monopoles internationaux de premier plan transféraient leurs capitaux excédentaires dans les pays appelés BRICS et quelques autres économies nationales comme la Corée du Sud, Taïwan, la Thaïlande, l’Argentine, le Mexique, la Turquie etc. Ainsi ces pays ont connu en partie une relance économique ou même des développements similaires à un essor économique. Des autres pays – principalement les vieux pays impérialistes – restaient toujours dans la crise, certains pays tombaient dans une crise encore plus profonde. L'épicentre de ce développement négatif est comme de juste l’Europe, l’enfant modèle capitaliste. La crise de l'euro à partir de 2010 a montré que la crise économique et financière mondiale avait seulement pu être freinée et contrôlée temporairement, mais ne pouvait pas être réellement surmontée.

Un plan de sauvetage chasse l'autre. Depuis deux ans tout ne s’est focalisé que sur l’objectif d'éviter l'effondrement de l'euro et une chute économique encore plus profonde et incontrôlable en Europe qui ne pourrait plus être arrêtée par aucune puissance du monde. Les tendances temporaires de la relance et de l'essor économique dans une part du monde ne sont donc que le pendant d'un déclin économique progressif de l'autre part de l'économie mondiale dans le cadre de la crise économique et financière mondiale. Ce sont les deux faces d’une médaille, celle de la crise économique et financière mondiale persistante dans l'économie mondiale contradictoire de nos jours ! Tout comme l'aggravation de la crise financière et monétaire en Europe n’est que l'expression du déclin économique progressif.

Les pays BRICS ont tiré profit de cette gestion de crise. Ils ont pu plus que doubler leur part du PIB mondial de 8,9 pour cent en 2000 à 20,2 pour cent en 2011. Avec cela ils sont devenus un facteur important dans l'économie mondiale. En conséquence, la part des pays de l'OCDE a baissé dans la même période de 81,2 pour cent à 65,9 pour cent. Cela a des raisons diverses : dans ces pays BRICS, dont la plupart étaient d’anciens pays coloniaux dépendants, la politique d'investissement du capital financier international orientée sur les centres de production internationaux a été accélérée énormément avec la nouvelle organisation de la production internationale. Le processus de la transformation de pays agraires en pays industrialisés fut également accéléré. Ainsi de nouveaux marchés de croissance ont vu le jour qui avaient l’effet d’un aimant sur les monopoles internationaux. Justement dans la crise économique et financière mondiale la plupart des investissements se sont concentrés sur ces pays. Pour le capital financier international dominant sans partage ils étaient une issue importante dans la crise économique et financière mondiale. Dans les vieux pays impérialistes de la plupart des États de l'OCDE des investissements réalisant le profit maximal n'étaient guère possibles. Aujourd’hui, après une courte période de relance, les pays BRICS aussi ont été pris de nouveau dans le tourbillon de la crise économique et financière mondiale. Cela montre qu'une solution réelle de la crise économique et financière mondiale n'a pas eu lieu. Les problèmes de la crise ont seulement été reportés et transférés, la crise qui éclate maintenant de nouveau et de plein fouet.

Actuellement l'Allemagne aussi est concernée par le recul de l'économie mondiale et subit un recul de la production industrielle, après avoir pu tirer profit en particulier de la poussée d'investissements dans les pays BRICS entre 2009 et 2011. L'effet de la gestion de crise internationale de la fin de 2008 s’est apparemment évaporé et la crise continue son œuvre destructive avec de nouvelles forces primitives.

Rote Fahne : Mais le gouvernement vient de présenter un nouveau paquet de sauvetage et a viré 44 milliards d'euros en Grèce. Il affirme qu’il a le problème bien en main maintenant.

Stefan Engel : Penser pouvoir rendre inefficace par de telles mesures monétaires la suraccumulation du capital chronique, la cause de la crise économique et financière mondiale, est de la pure illusion. Au contraire. Maintenir artificiellement la circulation monétaire et le processus de la production et reproduction du capital empêche la destruction de capital nécessaire par loi inhérente dans les crises capitalistes. Seulement cette destruction peut être le point de départ d'un nouveau cycle de crises.

Au lieu de cela l'endettement public s’est accru partout de façon dramatique. Les dettes officielles des 27 États de l'UE ont augmenté de 7,8 billions d’euros en 2008 à 10,8 billions d’euros au second trimestre 2012. C'est une augmentation de presque 40 pour cent. L'endettement public des États-Unis a augmenté dans la crise économique et financière mondiale de 10 billions de dollars US avant la crise à 16 billions de dollars US le 30 septembre 2012. C'est un accroissement de 60 pour cent. Cela a aggravé énormément la tendance à la banqueroute d'État.

La Grèce était le maillon le plus faible de la chaîne des pays menacés par la banqueroute d'État. C’est là qu’elle a brisé d’abord. La tendance à la banqueroute d'État affecte de plus en plus de pays. Actuellement elle a saisi toute l'Europe du Sud : de Chypre par la Grèce, l’Italie, l’Espagne et le Portugal. Comme les mesures pour éviter la banqueroute d'État ont en même temps l’effet de freiner le développement économique, le déclin économique se manifeste le plus fortement dans ces pays. Il n’y a guère une marge de manœuvre pour contrecarrer un nouveau déclin de l'économie mondiale dans le cadre de la crise économique et financière mondiale. C’est pourquoi les tentatives échoueront de stopper l'aggravation de la crise économique et financière mondiale ainsi que d'empêcher surtout la déstabilisation politique des pays.

La façon de gérer la crise au niveau international a engendré une série de bulles spéculatives qui ont contribué à la relance temporaire de l'économie mondiale. Maintenant où le développement négatif de l'économie est de nouveau passé au premier plan, l'éclatement de bulles spéculatives peut aboutir à des chutes dramatiques supplémentaires. Cela est aussi la raison des soi-disant « paquets de sauvetage ». Ils doivent du moins amortir un tel développement et essayer de le contrôler. Tous les gouvernements se sont préparés au fait d’avoir à confronter des crises économiques et financières à l’avenir. La gestion de crise générale est devenue la tâche essentielle de tous les gérants honorables des monopoles.

Rote Fahne : Mais cet endettement public ne peut tout de même pas être gonflé à volonté ?

Stefan Engel : Naturellement il n'y a pas de limites absolues pour cela. Le Japon a un endettement public de 250 pour cent du PIB. Il se trouve dans une crise d'endettement et financière profonde depuis plus de 20 ans. Néanmoins le pays était la seconde puissance économique du monde pendant des années. Cependant si le PNB est inférieur au montant de l'endettement public il est extrêmement difficile de rembourser ces dettes un jour. C'est la limite relative de l'endettement public. Une telle situation fait accélérer l'inflation énormément. Celle-ci en revanche est un facteur de déstabilisation des rapports sociaux.

Rote Fahne : Mais nous ne ressentons pas grand-chose d'une inflation ?

Stefan Engel : Ici en Allemagne et en Europe pas encore pour le moment, parce que la crise économique et financière mondiale a aussi un effet de dévaluation monétaire qui se superpose temporairement à l'inflation. Mais dès le moment où il y a certaines tendances de redressement et d'essor on s'aperçoit aussitôt que des prix divers augmentent. Nous l’avons vu déjà quand, l'année dernière, les prix des matières premières et des aliments ont monté en flèche temporairement. Quand on regarde les pays BRICS où il y avait des tendances d'un essor économique entre 2009 et 2011, on observe partout des taux d'inflation élevés – d'un montant allant jusqu'à deux chiffres.

Nous supposons que cette crise économique et financière mondiale persistera encore quelque temps et qu'elle s'approfondira avant tout. Les économistes bourgeois pensent que seule la chute dans l'industrie automobile en Europe est déjà plus profonde qu'en 2008/2009 et que le développement ne pourra être retourné dans un sens positif qu’en 2016. Cela montre à quelles périodes de temps il faut nous préparer. Des mesures temporaires comme le chômage partiel, le gel des embauches etc. sont des mesures inaptes pour surmonter de si longues périodes de recul de la production. Des fermetures et licenciements en masse suivront plus fréquemment, ce qui aggravera naturellement les contradictions de classes correspondantes.

La gestion de crise jadis commune s'est désintégrée et transformée en lutte concurrentielle impitoyable pour des parts du marché mondial. Ainsi les nouvelles immatriculations de voitures ont augmenté mondialement de 58,9 à 66 millions entre 2007 et 2012. La part de l'UE cependant a diminué de 27 à 19 pour cent. En Amérique du Nord elle a baissé de 32 à 26 pour cent, tandis que les producteurs dans la région de l’Asie et du Pacifique ont pu augmenter leur part de 25 à 37 pour cent. Seulement dans l'industrie automobile il y a 10 usines d’automobiles en Europe qui se trouvent sur la liste d’usines à fermer. En outre, la fermeture anticipée de l’exploitation de la houille dans tous les pays européens semble inévitable.

Rote Fahne : En Europe la situation est restée relativement calme entre 2009 et 2010. Mais lorsque la crise de l'euro a commencé, les luttes aussi ont augmenté.

Stefan Engel : Les luttes ont augmenté au moment où les contradictions de classe se sont manifestées ouvertement. Les plans gigantesques de sauvetage pour les banques et les plans de sauvetage pour les budgets d’État en Grèce, au Portugal, en Irlande, en Italie, en Espagne etc. n’ont servi, en fin de compte, que les banques monopolistes internationales tandis que les masses n’ont reçu que des réductions de la retraite et des salaires de 20 à 30 pour cent et se voient confrontées à un chômage de masse croissant. En Europe du Sud les fardeaux de la crise furent complètement répercutés sur les masses. En conséquence s’y est développé un revirement rapide de l'opinion publique. Des grèves et manifestations de masse économiques et politiques y dominent la scène. Des crises politiques ouvertes ont déjà provoqué un nombre de changements de gouvernement. La force relative de l’appareil dominant de pouvoir et de tromperie et la faiblesse relative des partis marxistes-léninistes et de leur influence sur les masses sont responsables du fait que ces grèves politiques de masse n’ont pas encore passé à une effervescence révolutionnaire. Mais le potentiel d’une crise révolutionnaire mondiale s’est développé davantage.

Rote Fahne : À quoi devons-nous faire attention particulièrement dans le développement des conflits de classe dans le proche avenir ?

Stefan Engel : Depuis le printemps 2012 le prolétariat industriel international apparaît plus clairement comme force dirigeante des luttes ouvrières et populaires contre la répercussion des fardeaux de la crise. Ses luttes ont déjà une influence qui marque la situation en Grèce, en Espagne ou en Afrique du Sud et ont orienté la lutte contre la répercussion des fardeaux de la crise aussi contre le capital financier international. La première grève générale au-delà des frontières en Europe le 14 novembre 2012 montre que la conscience internationaliste se développe de plus en plus. Dans quelques pays il y a eu des grèves générales et dans 28 pays au total des grèves et manifestations syndicales ou des activités solidaires de protestation ont eu lieu. Sans aucun doute le MLPD – ensemble avec d’autres organisations de l'ICOR – y a accompli un travail pionnier. Depuis des années nous avons attiré l’attention sur l’importance de l’internationalisation de la lutte des classes et nous avons toujours de nouveau également établi des liens transnationaux avec les luttes et les mouvements ouvriers. Actuellement cette idée est reprise de plus en plus et le besoin de coopération internationale fait déjà partie de la spontanéité des luttes ouvrières.

Rote Fahne : La fermeture d’Opel à Bochum, prévue pour l’année 2016, ne signifie-t-elle pas un changement concret de la tactique des dominants par rapport à leurs manœuvres précédentes d’atténuation et de dissimulation ?

Stefan Engel : C’est juste ! Pendant tout le temps General Motors a essayé d’atténuer les contradictions de classe chez les personnels en Allemagne par des plans sociaux, par une suppression progressive d’emplois, par l’externalisation et ainsi de suite. Avec l’annonce ouverte de la fermeture de l’usine à Bochum en 2016 cela a changé. Surtout cette manière arrogante et provocante d’agir montre clairement la transition à une démarche plus rigoureuse dans la répercussion des fardeaux de la crise sur les ouvriers de l'industrie automobile. En plus on se voit apparemment contraint de lancer ouvertement un défi aux personnels les plus combatifs de l’Allemagne – les ouvriers d’Opel à Bochum. Chacun le sait : Si les monopoles infligent aux ouvriers d’Opel une défaite sans lutte, cela aura des répercussions négatives durables sur la disponibilité au combat de l’ensemble du mouvement ouvrier en Allemagne. Le personnel combatif d’Opel à Bochum fait partie de l’âme du courant combatif de classe du mouvement ouvrier en Allemagne. Tous les ouvriers tournent leurs regards vers Bochum, pour voir comment les ouvriers d'Opel vont se comporter. L’attaque contre les ouvriers d'Opel suscite aussi les meilleurs sentiments de solidarité parmi les larges masses – dans le bassin de la Ruhr, mais aussi dans toute l’Allemagne et même parmi les ouvriers conscients de classe dans d‘autres pays. Pour cette raison, l’organisation d’une première grève autonome d’avertissement le 11 décembre, aussitôt après l’annonce de la fermeture, était d’une importance particulière. C’était une grève hautement consciente ! Les ouvriers conscients de classe ont engagé la lutte contre toutes les tentatives d’empêcher, de réprimer ou de démoraliser une telle grève. Ainsi ils ont aussi donné un signal contre la capitulation et la politique de collaboration de classes des directions syndicales et des comités d’entreprise réformistes. L’atmosphère et le message de cette grève n’était pas du tout aigrie et abattue, mais fière, combative et pleine d’assurance. C’était un signal important. Évidemment que doit suivre à cela l’extension de la lutte et son élévation à un niveau supérieur. Il ne faut pas se laisser tromper par la manière d’agir rude du comité directeur d’Opel. Aussi déterminés ils se comportent, aussi grand est en réalité leur défensive et leur peur des ouvriers unis. Cela se manifeste dans l’annulation ridicule de leur part de la « fête 50 années Opel Bochum », prévue pour samedi dernier, afin de ne pas offrir une plate-forme aux soi-disant « groupuscules de gauche ».

Il y a 50 ans qu’Opel Bochum fut installé comme usine pour les mineurs qui devaient quitter l’industrie minière et subventionné en conséquence. Avec la fin de l’exploitation minière dans le bassin de la Ruhr Opel perd aussi l’avantage de son site, c’est-à-dire l’avantage d’encaisser des subventions pour intégrer les anciens mineurs dans sa production. De toute évidence c’est aussi pour cette raison que General Motors veut renoncer à l’usine Opel de Bochum. Le fait que la fermeture de l’exploitation de la houille dans le bassin de la Ruhr et celle d’Opel Bochum sont prévues pour une même période, doit faire comprendre à tout le monde qu’il s’agit ici de deux côtés de la même médaille d’une suppression gigantesque d'emplois dans le bassin de la Ruhr.

La lutte pour Opel est un signal pour le mouvement ouvrier et pourra également devenir un signal pour l’offensive ouvrière du prolétariat industriel international dans toute l’Europe. Le parti fera de son mieux, afin que les ouvriers conscients de classe s’engagent dans la lutte pour chaque emploi à Bochum, avec dureté et détermination. En conséquence, il organisera la solidarité de classe au niveau national et international. Qui s’imposera dans ce conflit de classes n’est pas du tout déjà une affaire classée.

Nous savons bien sûr aussi qu’une lutte comme celle de 2004 ne peut pas simplement se répéter. General Motors est mieux préparé, la direction syndicale de droite aussi. Mais les ouvriers conscients de classe eux aussi ont tiré leur leçon des faiblesses de la lutte de 2004 – et le MLPD est également mieux préparé. Nous verrons ce qui résultera de ces nouvelles constellations et si General Motors n’est pas un peu présomptueux d’entrer en conflit justement avec ce personnel.

Ce qui est à noter c’est que ces derniers mois des mineurs dans différents pays se trouvent à la tête des conflits de classes acharnés qu’ils mènent, en partie, tout en méprisant la mort. Cela souligne l’importance de la première Conférence internationale des mineurs au Pérou en mars 2013.

Rote Fahne : La conférence de l’ONU sur le climat à Doha au Qatar a fini en désastre. Comment faut-il juger cela ?

Stefan Engel : Cette année-ci une nouvelle valeur record est attendue avec des émissions de 35,6 millions de tonnes de dioxyde de carbone dans l’atmosphère terrestre. Malgré ce développement catastrophique le ministre de l'Environnement Altmaier a même qualifié le résultat embarrassant de Doha comme « un événement important qui fera date en vue d’une protection efficace du climat ». Ce n’est pas étonnant : Selon les objectifs fixés jusqu’à présent, la RFA aurait déjà atteint en grande partie ses objectifs climatiques !

Par ses médias le capital financier international dominant sans partage prépare le public déjà massivement au fait que maintenant il ne pourrait plus s’agir que d’une adaptation à la catastrophe climatique qui s'annonce. Son regard avide se fixe surtout sur le pillage des richesses du sous-sol à la suite du dégel du pergélisol et de l’Arctique / Antarctique.

Soit l’humanité met fin à l’époque du capitalisme, soit le capitalisme met fin à l’existence de l’humanité !

Rote Fahne : Est-ce que la journée internationale de lutte pour l'environnement et la campagne internationale de l’ICOR et de l’ILPS pour la fermeture de toutes les centrales nucléaires ont répondu aux espérances ?

Stefan Engel : La journée de lutte pour la sauvegarde de l’environnement était un moteur et initiateur important pour les activités politiques en matière de l'environnement en Allemagne le 1er décembre de cette année. Certes, le fait que les organisations environnementales de caractère petit-bourgeois se sont presque complètement retirées de la journée mondiale du climat, autrefois organisée par le mouvement environnemental, était aussi un plus grand obstacle dans la construction de larges unités d'action et s’est vu à raison largement critiqué. Il est d’autant plus important qu’on ait pu, dans l’ensemble, obtenir une stabilisation et une consolidation des forces combatives à l’occasion de la journée mondiale du climat. En partie aussi avec de larges unités d’action comme par exemple à Berlin, Braunschweig ou à Husum etc. Il faut en tirer des conclusions en commun.

De la part du MLPD plus de 30 000 signatures ont pu être recueillies pour le manifeste à l'échelle mondiale de l’ICOR et de l’ILPS à propos de la fermeture de toutes les centrales nucléaires. Cette pétition à l’échelle mondiale était la première activité politique commune du mouvement ouvrier révolutionnaire international en matière de l'environnement. Il faut savoir que beaucoup d'organisations n’avaient fait aucune activité politique environnementale auparavant. Ainsi cette campagne commune devait d’abord contribuer à aiguiser la conscience écologique dans ces organisations. Bien sûr le MLPD aurait pu recueillir plus de signatures, mais le nombre n’était pas si décisif. Actuellement il s’agit avant tout de participer au débat sur la stratégie du mouvement écologique et d’arriver à des formes d'organisation solides de la lutte pour la sauvegarde de l'environnement naturel. Pour le MLPD le soutien de l’initiative pour la construction d’une union syndicale environnementale combative s’y trouve au centre. Cette idée aussi s'établit parmi de plus en plus de forces du mouvement écologique et y gagne des soutiens.

Rote Fahne : Au mois d’octobre le IXe Congrès du MLPD a eu lieu. Quels étaient ses résultats les plus importants ?

Stefan Engel : On peut dire à bon droit que le IXe Congrès était le meilleur congrès et le plus mûr du MLPD jusqu’à présent. Il n’a pas seulement examiné de plus près les nouvelles questions idéologiques, politiques et organisatrices dans la lutte des classes et la construction du parti dans toute leur diversité. Il a surtout manifesté la capacité nettement accrue du MLPD de donner des réponses exhaustives à toutes ces questions et de résoudre les problèmes les plus compliqués. Le MLPD a développé un excellent potentiel pour faire avancer, dans un proche avenir, le développement vers un parti des masses au niveau qualitatif et quantitatif. Nous considérons le potentiel d’une crise révolutionnaire mondiale comme énergie dormante, qui n’est pas encore visiblement active. Potentiel veut dire qu’ici une base est en train de mûrir objectivement, mais que subjectivement la condition n’existe pas encore de donner aux luttes naissantes une direction révolutionnaire. Les changements tumultueux viendront en tout cas, c’est une loi inhérente ! Mais s’ils mènent en avant vers la révolution socialiste internationale, cela dépend essentiellement de la maturation du facteur subjectif et est lié à une direction marxiste-léniniste. Le MLPD y est préparé parfaitement.

C’était le premier congrès du MLPD comme membre de l’ICOR. En conséquence le congrès a discuté toutes les questions en présence de représentants les plus divers du mouvement marxiste-léniniste, révolutionnaire et ouvrier international. Le congrès a orienté sous tous les aspects le développement du MLPD au parti des masses sur la lutte pour un niveau nouveau de la théorie et la pratique de l’internationalisme prolétarien.

Il a tiré le bilan de l’une des phases les plus compliquées du travail de parti, dans laquelle les masses ont dû assimiler des changements de grande envergure avec la plus profonde crise économique et financière mondiale dans l’histoire du capitalisme. En même temps elles étaient sous le feu de l’anticommunisme moderne. Dans cette situation le MLPD s’est battu vaillamment. Il s’est stabilisé, il a étendu son influence de masse et conquis de nouveaux champs de tâches. Le parti s’est surtout développé remarquablement au plan idéologico-politique. Nous disposons d’une base consolidée du parti qui a adopté la méthode dialectique.

Le congrès a fasciné par son débat critique et autocritique ouvert et franc et par son esprit solidaire. Il a mis aussi le doigt dans les plaies des problèmes non résolus dans la construction du parti, comme les faiblesses dans la conduite de notre travail parmi les couches intermédiaires petites-bourgeoises, et il a donné de nouvelles impulsions pour un changement positif. Tout le parti doit apprendre d’appliquer le système de l'autocontrôle sous tous les aspects de la même façon que le congrès l’a mis en oeuvre. Les débats et décisions créateurs du Congrès de Stuttgart reposaient sur l’élaboration, l’assimilation critique et autocritique et les premières expériences dans la mise en œuvre de la stratégie et la tactique de la révolution socialiste internationale en accord avec notre livre « L’Aube de la révolution socialiste internationale ».

Le congrès adopta à l’unanimité et sans abstentions le rapport du CC, amélioré d’ampleur par 1 640 motions, ainsi que le rapport de la CCC [Commission centrale de contrôle – NdT]. Également à l’unanimité le congrès a donné le quitus aux responsables de finances du CC en leur certifiant une tenue solide des finances du parti.

Rote Fahne : Quelles sont les tâches que le travail marxiste-léniniste en matière d’environnement doit accomplir ?

Stefan Engel : Le Congrès de Stuttgart a confirmé les décisions du 8e CC et souligné qu’une lutte doit être menée pour faire du travail environnemental la deuxième ligne de lutte plus importante dans tout le travail quotidien du parti. Nous avons besoin d'une nouvelle qualité du mouvement environnemental – les temps sont mûres pour cela ! Le mouvement environnemental de jadis, de caractère petit-bourgeois, se trouve à un tournant : Soit abandonner en résignant, soit contribuer activement à un mouvement visant à transformer la société en une société libérée de la recherche du profit. Pour y réussir, il faut enterrer l’illusion que les dominants se rendront à la raison en matière de politique environnementale.

Afin d’y contribuer de façon efficace, le MLPD doit changer lui aussi et surmonter tout mépris de la question écologique. À ce propos, nous pouvons apprendre de la reconstruction avec succès du mouvement combatif des femmes. Jusqu’à la fin de l’année, nous mettrons sur pied d’autres nouveaux groupes environnementaux.

Rote Fahne : Que veut dire apprendre du travail marxiste-léniniste parmi les femmes ?

Stefan Engel : Avec ses 20 années de travail quotidien systématique en matière de politique parmi les femmes le MLPD y a contribué au fait qu’un large mouvement combatif de femmes est devenu une réalité sociale en Allemagne. Cela fut confirmé de façon vivante au 10e Conseil politique des femmes le 15/16 septembre à Ludwigsburg. Pour la première fois s’y sont rencontrées des représentantes de toute la diversité du mouvement de femmes « de la religion jusqu’à révolution ». Ce conseil a marqué une nouvelle qualité du développement du mouvement de femmes en Allemagne avec le renforcement du mouvement combatif de femmes et son rayonnement international. Au cours des années 1990 la base active de la plupart des organisations de femmes en Allemagne s’était désintégrée. Le mouvement de femmes se trouvait désorienté par le féminisme petit-bourgeois et démoralisé en grande partie par l’intégration dans les appareils d'État, de fondations et dans les ONG.

Nous en avons tiré des conclusions et encouragé la construction d’un mouvement de masse des femmes réellement combatif et ueberparteilich [non-affilié à des partis], qui se libère de l’influence paralysante du féminisme bourgeois et petit-bourgeois et poursuit le chemin de la libération de la femme. Dans ce but, des camarades ont collaboré activement à l’association féminine Courage ueberpartelich. Dans le livre « Nouvelles perspectives pour la libération de la femme - une polémique » nous avons développé la stratégie et la tactique de la lutte pour le mode de pensée des femmes. La conscience des femmes reflète l’exploitation et l’oppression spécifiques de la masse des femmes. C’est la base matérielle d’un mouvement de femmes, dans lequel des femmes de toutes les classes et couches s’unissent et luttent pour leur émancipation. Ce mouvement demande en même temps à renforcer le mode de pensée prolétarien dans la lutte contre le mode de pensée petit-bourgeois, à soutenir la perspective de la libération de la femme dans le véritable socialisme et de venir à bout des influences scissionnistes de l’anticommunisme moderne. Dans tout cela se trouve un immense trésor d’expériences qui pourront contribuer à faire du mouvement environnemental combatif également un large mouvement de masse ueberparteilich avec beaucoup d’influence sociale et une grande attirance.

Rote Fahne : Le MLPD s’est développé d’une façon positive. Quel est son secret ?

Stefan Engel : Comme chaque bon travail de grande qualité le développement positif du MLPD repose également sur le contrôle et l'autocontrôle prolétariens. Ni la Commission centrale de contrôle du MLPD, ni son Comité central et encore moins un camarade seul ne sont en mesure d’organiser la lutte pour le mode de pensée qui est nécessaire de nos jours, pour assurer un travail sur la base du mode de pensée prolétarien. Le IXe Congrès a montré une nouvelle qualité dans le parti en ce qui concerne l’application souveraine et consciente du système d’autocontrôle, développé à un niveau supérieur, pour garantir le développement positif du MLPD. Le contrôle d’en haut par la CCC, le contrôle d’en bas par la base ainsi que l’autocontrôle conscient de chaque camarade – ces trois composants du système de l’autocontrôle sont organisés dans le MLPD comme organisation scientifique du travail.

Dans son rapport présenté au congrès, la CCC a pu montrer qu’elle a assimilé et surmonté sa crise de 2005. Elle a su recouvrer son contrôle indépendant dans la mesure où elle s’est intégrée consciemment dans le système de l’autocontrôle du parti.

Le congrès a exprimé sa pleine confiance à la CCC, après s’être assuré que la CCC a appris de ses erreurs et développé une nouvelle relation d’égal à égal avec le parti. C’est particulièrement important parce que dans les grands changements qui se préparent dans la lutte des classes, la lutte entre le mode de pensée prolétarien et le mode de pensée petit-bourgeois se développera aussi considérablement. Dans des situations pareilles il est surtout important, que le mode de pensée petit-bourgeois n’avance pas librement dans le travail du parti et puisse saper ou bien détruire le caractère prolétarien du parti.

Le MLPD a toujours eu l'ambition d’être un parti ouvrier révolutionnaire de type nouveau. Cela se résume surtout dans le fait que le système de l’autocontrôle et de la CCC, développé dans plus de 40 ans, s’est développé dans tous ses aspects. Ce n’est pas par hasard que ce fait fut souligné par la plupart des invités internationaux au congrès. En particulier les délégations de Russie et d’Ukraine ont fait ressortir l’importance de la Commission de contrôle indépendante et du système de l’autocontrôle, ce qui, à leur avis, aurait incontestablement contribué à empêcher une restauration du capitalisme.

Rote Fahne : Le Congrès de Stuttgart a souligné le travail parmi la jeunesse comme centre politique de l'organisation. Qu’est-ce que cela veut dire pour l’année 2013 ?

Stefan Engel : L’organisation de la jeunesse Rebell collabore avec des organisations révolutionnaires de la jeunesse de divers pays de façon toujours plus étroite et large. Des points culminants du travail parmi la jeunesse comme le camp d'été, la Rencontre de la Jeunesse à Pentecôte, les manifestations annuelles à la mémoire de Lénine, Liebknecht et Luxemburg (« manifestation LLL ») réalisent de plus en plus « l'internationalisme en direct ». De plus, beaucoup de jeunes ont des facultés particulières et un intérêt pour le travail internationaliste, le travail de traduction, des actions de solidarité internationale etc.

En 2013 nous continuerons à développer ce travail. Cela s’exprimera particulièrement dans la manifestation LLL, la Rencontre de la Jeunesse à Pentecôte et le camp d'été. Cependant il est décisif que le centre politique de l'organisation est réalisé dans chaque travail et par chaque camarade. Cela doit s’exprimer en particulier dans notre offensive pour le véritable socialisme et contre l’anticommunisme moderne, qui nous accompagnera toute l’année. Tout son contenu manifeste la lutte pour l’avenir, c’est pourquoi elle s’adresse surtout à la masse de la jeunesse. Nous allons lier la campagne électorale, ensemble avec Rebell, à une campagne électorale spéciale pour la jeunesse.

Cette orientation a également un aspect stratégique : Avec le IXe Congrès nous avons entamé un renouvellement des générations à long terme. Dans ce but nous allons former de nombreux jeunes gens pendant les prochaines années, afin de préparer le parti en perspective. Chaque département dans chaque terrain de lutte de notre travail, chaque direction doit examiner si son travail est suffisamment orienté sur la jeunesse et donc sur l’avenir.

Rote Fahne : Vous avez élu un nouveau Comité central et fixé ses tâches. Comment faut-il juger ces nouvelles élections ?

Stefan Engel : Déjà les préparatifs de ces élections sont « typiquement MLPD ». Dans un processus extrêmement soigneux, mais aussi courageux, la base entière du parti a choisi ses candidats et candidates. Personne ne peut être élu au congrès du MLPD s’il n’a pas l’assentiment de son assemblée de district ou locale de délégués et l’appréciation de son unité de base. La qualification idéologico-politique, l’endurcissement personnel dans la lutte de classe, la participation au travail quotidien systématique, la formation d’autres camarades, l’engagement désintéressé, les liens étroits avec les membres et les masses – tout cela sont des critères que les camarades à la base peuvent juger le mieux.

Dans la mesure où le parti s’est penché sur les objectifs stratégiques de la révolution internationale, il est aussi devenu de plus en plus clair au préalable du congrès : Il nous faut faire un travail de cadres orienté vers l’avenir et à long terme. Ainsi la base du parti a présenté à côté de camarades expérimentés ayant fait leurs preuves, un grand nombre de jeunes candidats porteurs d’avenir. Nous ne devons pas faire l'expérience de beaucoup de partis du mouvement communiste qui ont connu une chute quand des représentants dirigeants de longue date se retirent, parce que les nouveaux cadres et la continuité du travail ne peuvent pas être garantis au même haut niveau. Déjà Willi Dickhut a marqué ce style d’une politique en matière de cadres à long terme et nous l’avons poursuivi avec détermination au Congrès de Stuttgart.

Le congrès a élu son CC parmi une sélection impressionnante, une véritable abondance de candidats et candidates qualifiés. En même temps il a donné sa pleine et entière confiance au Comité central en fonction jusque-là et complété son noyau par un grand réservoir de jeunes camarades. Ainsi nous avons maintenant les meilleures conditions préalables pour former une « 3e génération » qualifiée au sein du CC.

Rote Fahne : Comment le numéro 35 de « Revolutionärer Weg » avance-t-il ?

Stefan Engel : Le Comité central a projeté d'achever ce livre, si possible, au cours de l’année 2013, pour contribuer activement et de façon créative au débat sur la stratégie dans le mouvement écologique.

Naturellement, il nous faut commencer par notre propre débat sur la stratégie. Cela implique que nous étudions de façon approfondie les fondements du marxisme-léninisme dans ces questions, tels qu’ils furent déjà posés par Marx et Engels. Je suis étonné toujours de nouveau de la lutte de grande portée que Marx et Engels ont déjà menée pour l'unité entre l'homme et la nature et de leurs disputes avec des courants petit-bourgeois et bourgeois ignorants à l'intérieur et l'extérieur du mouvement ouvrier pour défendre leur point de vue. En même temps ils ont apporté, avec leur critique de l’aliénation du travail et de l’aliénation de l’environnement, des contributions importantes pour pouvoir s’imaginer la négation créative du capitalisme dans une société communiste.

Dans ce contexte nous devons nous occuper de multiples conceptions et d’habitudes du mouvement écologique. En ce faisant, il faut soigneusement distinguer entre des propositions inappropriées comme l’issue individuelle au lieu de mener une lutte active contre les forces destructives du système impérialiste mondial, de s’occuper seulement de soi-même et de tout réduire à une alimentation saine et une conduite correspondante. En même temps, le comportement personnel relatif à l’alimentation, la santé et au style de vie doit également changer et il faut profiter déjà aujourd’hui des nombreuses connaissances du processus de la production et reproduction de la vie immédiate et comment il peut prendre forme dans une société socialiste, communiste, dans laquelle l’unité entre l’homme et la nature est la ligne directrice. Tout cela demande du temps, de la qualité, exige une approche fondamentale, au cours de laquelle nous devons aussi nous remettre en question toujours de nouveau. Bref : en élaborant ce numéro de l’organe théorique nous nous trouvons dans un processus d'acquisition en progression, dont le résultat doit reposer sur des bases solides. C’est pourquoi ce projet aura la priorité dans le prochain temps.

Rote Fahne : La participation aux élections au Bundestag de 2013 est liée à une offensive pour le véritable socialisme. Qu’est-ce que cela veut dire ?

Stefan Engel : Quand nous participons à des élections législatives, nous ne le faisons pas dans l’illusion de pouvoir transformer la société par la voie du parlement. Aujourd’hui, les parlements sont des piliers importants de la dictature des monopoles et servent à dissimuler leur domination absolue sur toute la société. Des manipulations systématiques ont déjà lieu pendant les élections. Un rôle de plus en plus grand y jouent les instituts de sondage ou mieux les instituts de manipulation d’opinion, qui sélectionnent déjà à l’avance, lequel des partis est important et quel parti il faut considérer comme insignifiant et donc parmi les « points divers » dès le début. Les médias bourgeois nous permettent guère d’y prendre position, en raison des décisions d'incompatibilité anticommunistes, au point qu'une grande partie de la population électorale est à peine informée de ce que les marxistes-léninistes défendent en détail.

Néanmoins, nous ferons face à la lutte parlementaire, afin de participer au débat sociétal pour un meilleur avenir. Nous le combinons avec à une offensive du véritable socialisme, contre l’anticommunisme moderne, et en ce faisant nous construisons systématiquement notre parti.

Nous profitons de la massive entrave électorale, qui nous oblige de présenter 40 000 signatures certifiées juste pour avoir le droit de participer à ces élections, dans le but de gagner de nouveaux camarades de combat pour le parti et pour mettre en œuvre un travail de persuasion systématique parmi les masses.

Bien sûr que nous luttons pour chaque voix, parce qu’elle est l’expression d’une décision consciente de soutenir les marxistes-léninistes. Plus de voix nous gagnerons, moins il sera possible de maintenir le boycott général des médias face à notre parti. Jusqu’à présent seulement peu de camarades ont de l’expérience avec des mandats parlementaires au niveau communal, en raison de la confiance dont ils jouissent dans les alliances électorales organisées au-delà des partis. Nous y avons fait beaucoup d'expériences concernant les possibilités et les limites du parlementarisme bourgeois.

Le MLPD se présentera comme « radicalement de gauche », en se démarquant du parti parlementaire « La Gauche ». Le MLPD en tant que parti ouvrier révolutionnaire n’a pas d’illusions sur l’aptitude de la société capitaliste à se réformer et poursuit l’alternative du véritable socialisme.

130 candidats et candidates se présentent aux 16 listes électorales à l’échelon des Länder et comme candidats directs. Sur ces listes nous avons accordé des places à des forces de l’opposition combative, du mouvement de la manifestation du lundi, du travail au niveau des entreprises et des syndicats, à des forces des mouvements ouvrier, de femmes et écologiste et de l’opposition combative parmi les immigrés. C’est un honneur pour nous de collaborer avec ces gens et de mener une campagne électorale ensemble avec eux et aussi de faire connaître ce qui leur tient à cœur. Notre parti coopère avec beaucoup de gens et d'organisations progressistes sur la base de la lutte. Nous ne visons pas non plus en premier lieu d’obtenir des sièges au parlement.

Ce qui est le plus important c’est la construction d’initiatives électorales où une masse de gens peut faire la connaissance du MLPD, peut examiner les candidats en profondeur et en même temps ils peuvent développer leurs propres idées alternatives aux conditions sociales du capitalisme et chercher à les faire valoir. Les dernières six semaines avant les élections nous mènerons une véritable campagne électorale offensive dans les rues. Cette fois-ci, la cérémonie d’ouverture de notre campagne électorale aura lieu à Kassel.

Rote Fahne : Dans le passé tu as déjà abordé votre offensive contre l’anticommunisme moderne. Quel rôle va-t-elle jouer dans la campagne électorale au Bundestag ?

Stefan Engel : Un travail de relations publiques pour le socialisme serait en grande partie sans effet aujourd'hui, s’il n’était pas le plus étroitement lié à une critique fondamentale de l’anticommunisme moderne. Cette critique doit être menée de façon offensive et populaire.

Depuis 2006 nous assistons à une campagne à l’échelle européenne qui a son origine au Conseil de l’Europe. Son objectif est de discréditer et de détruire le grand prestige du socialisme. L’anticommunisme moderne aime se présenter comme super démocratique. D’un air hypocrite il met en garde contre le soi-disant « stalinisme », pour éviter le débat sur la théorie et la pratique du MLPD.

En même temps, l’anticommunisme moderne sert à diviser les mouvements ouvrier, populaire et de la jeunesse. Juste à l’occasion de la proche manifestation LLL (Lénine, Liebknecht, Luxemburg) début janvier où, chaque année, se rassemblent des dizaines de milliers de gens pour exprimer leur sympathie pour le socialisme, une manifestation soi-disant « antistalinienne » doit avoir lieu cette fois-ci, organisée par les dirigeants des Falken [faucons – NdT], de ‘solid (organisation de la jeunesse du parti « La Gauche ») et les Jusos [organisation de la jeunesse du Parti social-démocrate – NdT]. D’une manière hypocrite ils se réfèrent à Rosa Luxemburg et Karl Liebknecht tout en foulant aux pieds leur engagement pour le socialisme, la dictature du prolétariat et le parti des bolcheviks et la Révolution russe d'octobre.

Nous connaissons aussi la division anticommuniste lors de presque toute manifestation où l’on essaie de tenir à l'écart le MLPD. En même temps, l’anticommunisme moderne est profondément antidémocratique, il prétend se défendre contre un soi-disant stalinisme antidémocratique, tout en considérant comme absolument légitime d'exclure le MLPD des syndicats, de le priver de son droit d'association et de liberté d'opinion ou bien de l'entraver, ou même de lui contester la capacité générale d'accomplir des actes juridiques. Cela va jusqu’à boycotter les crédits pour nos agents fiduciaires. À diverses reprises nous étions obligés de repousser des résiliations arbitraires de nos comptes bancaires. Et même des institutions avec lesquelles nous coopérons subissent des préjudices économiques et sont boycottées.

Ces méthodes antidémocratiques, en partie fascisantes, sont tellement absurdes que de plus en plus de gens, aussi du camp petit-bourgeois ou même bourgeois, réfutent les méthodes de l’anticommunisme.

L’anticommunisme moderne devient de plus en plus effronté, moins les gens se laissent dissuader de se faire leur propre opinion sur l’alternative socialiste et le MLPD. Naturellement la campagne contre l’anticommunisme moderne convient également à propager le marxisme-léninisme parmi les gens. L’anticommunisme moderne vise justement à ce que la critique du capitalisme par Karl Marx, selon la volonté de ceux qui sont au pouvoir, ne parvient pas aux oreilles des masses. La capacité géniale de Lénine ou de Mao Zedong de développer une stratégie et une tactique révolutionnaires de la révolution prolétarienne est condamnée d’emblée comme violence insensée. Notamment la construction avec succès du socialisme sous la direction de Staline est diffamée comme assassinats de masse des opposants. Selon la devise : Qui croira vraiment des criminels, des assassins ou des dictateurs ? Il ne faut pas sous-estimer cette combine.

À part du travail d’éducation orale il est en effet aussi important que notre parti donne un exemple en matière de la morale socialiste dans la pratique et développe une attirance correspondante. Le marxisme-léninisme est une idéologie de lutte pour la liberté, qui encourage la pensée, la sensibilité et l’action autonomes des larges masses exploitées et opprimées et qui est en fin de compte aussi supérieur à toutes les diverses tendances de l’idéologie et de la religion bourgeoises. Plus nous réussissons à remettre à sa place l’anticommunisme moderne et à aider les masses de venir à bout du mode de pensée petit-bourgeois, moins elles auront des problèmes à se rallier à la lutte de classe prolétarienne et la construction du parti révolutionnaire et à lutter pour une nouvelle société du socialisme.

À cette occasion je voudrais remercier cordialement tous les camarades, amis, combattants et compagnons critiques de notre travail de leur grand engagement au cours de l’année passée. Ils ont ainsi donné un exemple pratique du véritable socialisme et donné un signal largement noté d’une façon désintéressée de pensée, de lutte et de sensibilité, libérée de l’intérêt personnel petit-bourgeois ! On récoltera tôt ou tard les fruits de ces germes précieux de notre travail. Je souhaite aussi à tous les lecteurs de Rote Fahne des jours de fête reposants, des fêtes de nouvel an retentissantes, solidaires et internationalistes, de la santé ainsi qu’une nouvelle année combative qui vous comble à tous les égards !

Rote Fahne : Merci beaucoup pour l’interview !

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