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Le revirement de l’état d’esprit se forme contre le développement du gouvernement vers la droite : Accepter les défis – renforcer les forces !

28/07/18 - Interview avec Gabi Fechtner, présidente du Parti marxiste-léniniste d’Allemagne – (MLPD): Le quatrième plénum du Comité central du MLPD a eu lieu il y a peu de temps. Rote Fahne a déjà documenté des extraits de la résolution qui y fut adoptée. « Renforcer la lutte contre le développement du gouvernement vers la droite, comprendre à fond l’importance stratégique de la situation et profiter résolument des chances qui s’ouvrent. »
Le revirement de l’état d’esprit se forme contre le développement du gouvernement vers la droite : Accepter les défis – renforcer les forces !

Des résultats de ces délibérations sont aussi inclus dans plusieurs tracts, de brèves déclarations et d’autres publications. La rédaction de Rote Fahne vient d’avoir l’occasion de parler des discussions et décisions de la réunion avec la présidente du MLPD Gabi Fechtner. Gabi Fechtner y répond aussi aux questions surgies dans les discussions à ce propos et dans la lutte pour leur application pratique dans ces moments mouvementés.



Rote Fahne : Est-ce que la stabilité rentre de nouveau dans le processus politique – après la crise politique ouverte la plus profonde en RFA ?

Gabi Fechtner : Le gouvernement est certainement de nouveau en mesure d’agir, ce par quoi la crise politique ouverte est tout d’abord surmontée. Mais si Angela Merkel dit qu’elle pense maintenant « fermement », que la collaboration de la grande coalition tiendra pendant toute la période législative1, c'est plutôt comme siffler dans la forêt ténébreuse. Les contradictions qui ont provoqué le déclenchement ouvert de la crise politique, se sont plutôt approfondies. Dans la querelle entre Merkel et Horst Seehofer il ne s’agit point de la question, si l’on fait une politique réactionnaire à l’égard des réfugiés.

Seehofer avait demandé des initiatives nationales unilatérales avec la fermeture des frontières. Le secrétaire général de la CSU, Markus Blume, a justifié la devise « L’Allemagne d’abord » par principe : « Il nous faut éviter l’impression que les intérêts allemands devraient être en reste par rapport aux intérêts d’autres pays membres. »2 Il a reçu le soutien, entre autres, par d'importantes parties des représentants des PME et du groupement des producteurs au sein des CDU/CSU. Cependant, le 29 juin, les quatre grandes associations monopolistiques allemandes (BDI, BDA, DIHK et ZDH)3 sont intervenues en commun avec une déclaration exceptionnelle et ont décidé la dissension en faveur de la chancelière.

Elles réclamèrent en particulier « le maintien de notre compétitivité sur le plan mondial » et demandèrent à ce sujet un « gouvernement stable et déterminé ». Elles firent remarquer que « l’importance économique de l’Europe » serait « énorme, surtout pour l’Allemagne ». Pour cette raison, elles seraient « convaincues que des initiatives nationales unilatérales causent plus de dommages que d’avantages ». La majorité du capital financier international, dominant sans partage, en Allemagne insistait à ne pas mettre la hache aux fondements de la production capitaliste internationalisée. Ce sont justement les monopoles internationalisés en Allemagne qui craignent des dommages logistiques par une perte de bénéfices de 1,5 milliard d’euros par an4. Si cyniques qu’ils sont, ils préfèrent que les réfugiés soient retenus sans ménagement non pas à la frontière bavaroise mais déjà aux frontières africaines et hors de l’Europe.

L’intervention des associations patronales ne s’adresse pas contre le développement vers la droite du gouvernement. Celui-ci doit plutôt se dérouler dans le cadre du système du mode de pensée petit-bourgeois comme méthode principale de gouvernement. D’autant plus que les contradictions augmentent à l’échelle mondiale, d’autant plus la pression au sein de la classe dominante s’accroît pour remplacer cette méthode de gouverner par une ligne ouvertement réactionnaire à l’intérieur et à l’extérieur. Au niveau international nous voyons déjà clairement cette méthode de gouvernement prédominante par la politique de Trump. Aujourd’hui déjà – conformément au développement vers la droite – presque tous les groupes monopolistiques serrent la vis de l’exploitation contre les ouvriers et tiennent majoritairement à des « mesures robustes » dans la lutte concurrentielle internationale. Le litige relatif à la méthode principale de gouvernement continue donc à couver – comme une poudrière au sein du gouvernement Merkel/Seehofer/Scholz.



Pourtant, la crise politique ouverte, déclenchée fin juin, a été terminée relativement vite. Était-elle vraiment aussi profonde que le MLPD l’affirme ?

Assurément ! Dans le passé, des crises politiques ouvertes se sont produites plus rarement. Il mérite d’être noté que nous avons eu une crise politique ouverte en Allemagne déjà pour la deuxième fois depuis les élections au Bundestag en 2017. Mais surtout le contexte international avait été de loin plus stable pendant les crises politiques ouvertes précédentes, même si elles avaient parfois provoqué des changements de chancelier. Aujourd’hui, la tendance aux crises du système impérialiste mondial s’est étendue et approfondie énormément. Elle se développe le long de toute la gamme des questions : comme p. ex. le passage progressif dans la catastrophe environnementale planétaire, l’aggravation des discordes sociétales, les crises politiques et de confiance – et en particulier la tendance générale à la préparation de guerre impérialiste.

C’est justement la crise de confiance vis-à-vis des partis bourgeois, du parlementarisme bourgeois et de ses institutions qui a atteint un nouveau paroxysme : en juillet 2018, 78 pour cent ont déclaré qu'ils étaient « mécontents » du gouvernement, soit une forte augmentation de 15 points de pourcentage rien qu’en un mois.5 Récemment, cela s’est manifesté en particulier lors de l'élection au Landtag et celle des maires en Thuringe. Seuls 47,2 % des électeurs ont pris part aux élections et près de la moitié (45,7 %) d'entre eux ont voté pour des alliances électorales en dehors des partis bourgeois. Et certains d'entre eux ne pouvaient même plus présenter de candidats.

Et sur la scène mondiale, cela n’a pas l’air d’être plus stable. Dernièrement, le sommet des plus grandes puissances impérialistes, les G7, n’est même plus parvenu à une déclaration finale commune. Le plus grand « message de réussite » de la dernière réunion de l’OTAN était celui que les États-Unis ne quittent pas l’OTAN. Dans le passé, ces groupements étaient des ancres de stabilité de l’impérialisme mondial ! Le gouvernement est donc très instable. Et on peut parier que les prochains désaccords et crises politiques ouvertes ne se feront pas attendre.

À l’échelle mondiale, des ébranlements sociétaux se préparent comme nous n’en avons plus connu depuis la Seconde Guerre mondiale. Récemment, la 4e séance plénière du Comité central s’est réunie. Elle a analysé que ces développements ont le potentiel de produire une fermentation révolutionnaire. Au centre de ses discussions, le plénum a demandé comment l'autochangement du MLPD et de son Comité central doit être orienté vers la dimension stratégique de ce développement.



Le MLPD a publié le slogan : Démission du gouvernement et nouvelles élections ! Est-ce que cela n’attise pas l'illusion que le développement vers la droite peut ainsi être arrêté ?

Tout d'abord, il est important d'exiger la démission de l'ensemble du gouvernement Merkel/Seehofer/Scholz. La démission de Seehofer est très souvent exigée, ce que le MLPD était le premier à revendiquer et ce qui s’impose depuis longtemps, bien entendu. Bien que Merkel se veuille plus modérée dans le style et le langage – en ce qui concerne le développement vers la droite le gouvernement est d'accord sur les lignes de base. Le glissement vers la droite, entamé en 2015 par la grande coalition d’alors, s'est transformé, aujourd’hui, en un développement profond et de plus en plus universel vers la droite du gouvernement et des partis bourgeois.

Il existe encore des concessions mineures en matière de politique familiale ou de droit du travail. Une tentative convulsive pour arrêter l'érosion de la base de masse fortement diminuée. Toutefois, au plus tard, lorsque l'excédent du budget fédéral fond en cas de nouvelle crise ou lorsque l'énorme dette nationale est compensée par une hausse des taux d'intérêt, les attaques contre les intérêts sociaux des masses augmenteront. Maintenant déjà, nous ressentons une marche arrière de la protection de l'environnement, une exploitation accrue dans les entreprises et la destruction d'emplois et de places de formation.

Nous disons très clairement : ce développement vers la droite peut et doit être stoppé. Naturellement, la tendance à la réaction ouverte est inhérente à l'impérialisme. Avec l'augmentation de la concurrence, les guerres impérialistes etc. elle apparaît de plus en plus forte. Toutefois, on ne peut pas mettre sur le même pied cette évolution fondamentale avec une politique gouvernementale et une méthode de gouvernement concrètes. Les guerres aussi sont inhérentes à l'impérialisme – et pourtant des guerres concrètes peuvent et doivent être évitées. On ne doit pas faire le calcul sans les masses et leur lutte ! Elles ne veulent pas et ne se rendront pas sans résistance à ce développement vers la droite.

Dans l’histoire où même actuellement, il y a de nombreux exemples où le déclin de gouvernements de droite et réactionnaires fut initié – ou qu’ils furent renversés – par des luttes de masse. Au Mexique, il y a eu des batailles de masse répétées contre le président ultra-droitier Peña Nieto ces dernières années. Début juillet, il a été remplacé par López Obrador. Pour la première fois dans l'histoire du pays, un candidat à la présidence a remporté l'élection qui se disait de gauche. « Un clair virage à gauche dans le Mexique conservateur », a commenté le magazine Stern.6

Bien sûr, nous n'attisons pas l’illusion que la nature réactionnaire de l’impérialisme serait éliminée en luttant contre un développement concret vers la droite. Au contraire, le MLPD défend précisément qu’il faut combiner la lutte contre les développements vers la droite avec l'enracinement du changement social révolutionnaire nécessaire. Mais justement pour pouvoir mener ce combat, nous défendons tous les droits démocratiques, toutes les libertés que nous avons conquis de haute lutte et nous luttons pour l'extension des droits et libertés démocratiques et contre la fascisation de l'appareil d'État.

Pour y parvenir, le mouvement ouvrier doit prendre la place encore plus clairement au premier plan de la lutte contre le développement vers la droite du gouvernement. Le développement vers la droite se dirige particulièrement contre la coordination internationale et la révolutionnarisation de la lutte de classe. Ce rôle de la classe ouvrière se développe déjà dans le rôle du MLPD dans ces luttes, la bonne participation des délégations de travailleurs et des discours importants de leurs représentants, d'importantes discussions de masse à ce sujet lors des assemblés du personnel et dans les syndicats. Les manifestations contre les lois sur la police ont également été soutenues par des milliers de clubs de football, dont beaucoup n'avaient pas été auparavant des travailleurs politiquement actifs.

Dans ce contexte, a classe ouvrière a une responsabilité stratégique : en 1920, les mineurs en particulier ont empêché que les fascistes ont déjà pu prendre le pouvoir à cette époque-là avec la grève générale et les batailles armées dans la région de la Ruhr contre le putsch de Kapp. En 1997, les combats miniers sous le slogan légendaire « le gros doit partir » ont entamé la fin du gouvernement ultraréactionnaire de Kohl. Tous les aspects de notre travail doivent donc être orientés sur la lutte contre le développement vers la droite – et, là aussi, notre ligne principale de combat doit être réalisée.

Quoi qu'il en soit, le fait que l’on a commencé, il y a plus de deux ans déjà, à construire l'Alliance internationaliste, y compris sa plate-forme ouvrière, s'avère absolument juste. Ici nous avions vraiment de l'avance ! Continuer à renforcer cette alliance et l'établir en tant qu'école d'un futur front uni correspond pleinement aux signes de l’époque.



Certains objectent que c’est l'AfD7 bénéficierait de nouvelles élections ?

Premièrement, il est fondamentalement erroné d'épargner une politique antipopulaire seulement parce qu'il y a des positions antipopulaires encore plus extrêmes. Deuxièmement, l'AfD fortement démagogique, fascisante, raciste et nationaliste est elle-même l'enfant adoptif du développement vers la droite et il le fait avancer. Si on réussit que la lutte pour la démission du gouvernement se développe, ce sera certainement aussi l'un des meilleurs antidotes contre l'AfD. Troisièmement, il n'est pas juste d'éviter des conflits sociaux nécessaires – il faut plutôt chercher la confrontation sur le terrain où l’on est fort soi-même. Et lors des conflits de masse dans l'ambiance politisée des campagnes électorales, nous sommes de toute façon forts ! En quelques jours par exemple, le MLPD a distribué plus de 115 000 tracts sur la question de la démission du gouvernement et la nécessité de nouvelles élections. Ils ont rencontré beaucoup de réactions positives dans la discussion polarisée.

D'ailleurs, ce n’étaient point les activités électorales parmi les masses dans la rue qui ont valorisé l'AfD. Financièrement, elle est engraissée par des subventions de l'État, avec 400 millions d'euros dans les quatre prochaines années seulement. De façon ciblée, les « thèmes » de l'AfD sont mis en avant dans les médias bourgeois. Le conseiller politique Johannes Hillje a minutieusement analysé comment les « descriptions de problèmes et les approches d’interprétation [de l'AfD] sont reprises par les médias et les autres partis ».8 Il critique par exemple la Tagesschau 9 d’adopter l'interprétation de l'AfD selon laquelle « les positions du parti présentent une " critique du système " ». En d'autres termes : l'AfD n'a pas besoin d'une campagne électorale – elle profite d’une valorisation médiatique, financière et propagandiste bourgeoise.

Les campagnes électorales de rue sont notre métier ! Le parlementarisme bourgeois, tel qu'il est organisé par les forces dominantes pour tromper la population, est bien sûr leur terrain. Les gens rejettent justement de plus en plus celui-ci. Mais la campagne électorale nous l’utilisons à notre manière – en tant que campagne de rue parmi les masses – comme une offensive tactique pour le véritable socialisme – et contre l'anticommunisme moderne. Nous en profiterions massivement pour débattre de l'alternative socialiste. Nous avons la capacité de mener des campagnes. Nous avons des membres hautement qualifiés. Nous sommes bien formés pour commencer une campagne électorale sur le champ, le cas échéant. Un tel avantage en matière de vitesse ne doit pas non plus être sous-estimé. Dans les débats directs, le MLPD est de loin supérieur aux partis bourgeois, y compris la variante ultraréactionnaire de l’AfD. Nous serons donc sans aucun doute en mesure d'utiliser de telles nouvelles élections pour travailler systématiquement à briser notre isolement relatif – pratiqué par les forces dominantes. Nous mènerons une bataille massive pour le mode de pensée et pour le leadership d'opinion.

Car nous voyons bien jusqu'à ce jour comment l'excellente campagne électorale de la Liste internationaliste / MLPD de 2017 continue d'avoir un impact. Elle a considérablement augmenté notre renommé. Certaines personnes s’adressent maintenant de nouveau à nous, parce qu'elles se souviennent que nous avons déjà combattu ce développement vers la droite avant même qu'il ne devienne si évident pour tout le monde. Aucun des grands partis bourgeois ne veut de nouvelles élections pour le moment – parce qu'ils ont tous peur de l'opinion des masses. Pas nous ! Telles sont les raisons de notre demande de nouvelles élections – et non pas n'importe quelles considérations influencées par le mode de pensée petit-bourgeois parlementaire.

Aussi au niveau international se développent des protestations de masse tout à fait justifiées qui réclament la démission des gouvernements respectifs. Elles constituent des bases importantes pour le renforcement des résistances populaires actives et des forces révolutionnaires. Par exemple des grèves générales en Argentine contre le gouvernement Macri, des protestations de masse en Europe de l'Est, de grandes manifestations ouvrières et populaires contre le gouvernement autrichien réactionnaire et ainsi de suite.



L’ordre mondial « habituel » se décompose de plus en plus et l’heure est aux préparatifs de guerre. Cela n’est-il pas extrêmement dangereux ?

Oui, nous sommes dans la phase d’une nouvelle qualité de la tendance aux crises du système impérialiste mondial, qui pousse à un repartage violent des sphères internationales de pouvoir et d'influence. Cela augmente le danger général d'une IIIe Guerre mondiale. Avec 1,74 billion de dollars en 2017, les dépenses militaires mondiales étaient à leur plus haut niveau depuis la fin de la guerre froide. Chaque fois que l'armement est poussé si fort, c'est un signe infaillible que les forces dominantes se préparent à poursuivre leur politique avec les moyens de la guerre.

La concurrence inter-impérialiste est devenue l’aspect principal. De nouvelles constellations et alliances émergent constamment. La guerre commerciale américaine est principalement dirigée contre la Chine, mais aussi contre l'UE en tant que deuxième concurrent économique décisif des États-Unis. En même temps, les États-Unis ont également besoin d’alliés contre la Chine. C'est pourquoi Trump essaie même de « faire du pied » avec Poutine pour le sortir de l'alliance de Shanghai. Il est toutefois hypocrite de la part de l'UE de jouer la victime des États-Unis et le garant de la liberté, du libre-échange mondial et de la démocratie. L'UE elle-même construit des unités militaires conjointes, renforce sa politique douanière et vise à devenir la première puissance mondiale.

Le développement économique mondial se caractérise par une stagnation fluctuante avec de fortes oscillations à la hausse et à la baisse. En avril 2018 – donc dix ans après l'éclatement de la dernière crise économique et financière mondiale – la production industrielle dans les pays de la zone euro n'a atteint que 95,3 % du niveau d'avant la crise. En avril 2018, les États-Unis n'ont atteint que 101,9 pour cent et malgré l'offensive à l'exportation l'Allemagne a tout juste atteint 103,8 pour cent.

Dans cette situation, la propagation et l'intensification d'une guerre commerciale mondiale ouverte peut provoquer une nouvelle crise économique et financière mondiale. Pour la simple raison qu'une guerre commerciale en cours peut ébranler des groupes entiers et faire éclater les bulles spéculatives déjà surtendues sur les marchés boursiers. Le grand problème pour les forces dominantes sera alors que leur gestion de crise unique, commune et coordonnée au niveau international comme à partir de 2008 ne sera guère plus réalisable. Ne serait-ce que parce que les énormes ressources d'État nécessaires à cette fin font défaut. Actuellement, les dettes publiques à l’échelle mondiale ont déjà atteint des niveaux records. Elles correspondent à 225 pour cent de la production économique mondiale. Les billions, destinés au sauvetage des banques et aux programmes d'investissement gouvernementaux, comme p. ex. pour atténuer des licenciements de masse ouverts et le chômage partiel, ne sont plus aussi facilement disponibles.

Le pire pour les impérialistes n'est même pas l'effondrement économique, mais la crainte que la loi inhérente de l'unité des crises économiques et politiques pourrait cette fois-ci avoir un impact plus direct. Les contradictions se sont accumulées de telle sorte que le potentiel accru d'une crise mondiale révolutionnaire peut alors produire ses effets : dans un essor mondial des luttes ouvrières et populaires – contre la répercussion ouverte des fardeaux de la crise sur leur dos.

Les marxistes-léninistes et les autres forces révolutionnaires doivent s'y préparer de façon générale. L'importance d'une ICOR forte et de forts partis révolutionnaires s’accroît donc considérablement. Les expériences de la révolution de Novembre il y a 100 ans montrent avec insistance : les chances historiques sont perdues si l'on met trop tard en exécution la construction de parti.



Quelle est donc la tendance principale dans le développement sociétal ? En juin/juillet, le développement vers la droite du gouvernement a atteint un nouveau point culminant – mais les protestations contre lui aussi...

Nous avons une polarisation qui se déploie des deux côtés. Bien sûr, parmi une partie des masses et des travailleurs avec une conscience de classe faible, la propagande selon laquelle l'AfD est un parti de protestation fait toujours son effet, ou également l'incitation à la haine contre les réfugiés. Cela signifie toujours aussi que les contradictions de classe sont refoulées en tant que « boussole » décisive indiquant ce qui est correct ou faux, de droite ou de gauche.

Mais surtout au cours des dernières semaines, il est devenu de plus en plus clair que le revirement progressiste de l'état d'esprit des masses dans la polarisation de la société est l'aspect principal, qui se renforce. Dans la première moitié de 2018, il y avait déjà 625 335 participants dans 463 luttes populaires, presque autant que dans toute l’année 2017. Cette année, au total près de 370 000 personnes ont déjà pris part à au moins 150 actions de protestations et de luttes politiques explicitement contre le développement vers la droite du gouvernement. Rien qu'en juillet, 134 000 personnes ont manifesté contre lui au cours de 88 actions – et ceci en plein été et pendant la période des vacances. Depuis juin, 50 000 personnes, en majorité des jeunes, ont participé aux activités de la campagne « Seebrücke au lieu de Seehofer »10 contre la politique réactionnaire à l’égard des réfugiés. De grandes protestations se dirigent contre les nouvelles lois sur la police avec plus de 100 000 participants à ce jour, en particulier en Bavière et en Rhénanie-du-Nord-Westphalie. Au cours des six premiers mois, 142 000 personnes ont participé à des actions antifascistes, soit plus que dans les années 2017 ou 2016 dans leur ensemble.

Dans cette évolution il convient de noter que la plupart de ces manifestations étaient auto-organisées. La manifestation du 7 juillet 2018 à Düsseldorf a été préparée sur une base large et sans liaison à un parti par de nombreux groupes avec la participation du MLPD et d'autres révolutionnaires – et tout juste soutenue par des unités des Verts, du Linkspartei [Parti de gauche] ou ver.di [syndicat de la fonction publique] et de l'IG BAU [syndicat de la construction, de l’agriculture et de l’environnement]. Cependant, elle n'a pas été organisée par les principaux syndicats et associations avec des autocars et un soutien financier et logistique massif, comme l'ont été les principales manifestations contre le TTIP en 2016, par exemple. Un mouvement de masse contre le développement du gouvernement vers la droite est donc en train de se former, avec de plus en plus d'éléments de résistance populaire active.

C'est surtout chez les adolescents et les jeunes qu'il y a une recherche intensive de conscience et un débat animé sur l'organisation nécessaire. Chez les adultes, on remarque que les anciens liens se dissolvent de plus en plus et que la volonté d'en créer de nouveaux augmente. L'ampleur croissante des revendications et aussi des motifs subjectifs qui poussent les gens à se rendre à ces manifestations a été clairement visible lors de la manifestation « #ausgehetzt » [#fin à la chasse incendiaire] le 22 juillet à Munich, avec 50 000 participants. Il s'agissait de la première manifestation de masse contre les divers aspects du développement du gouvernement vers la droite. Il y avait donc différents lieux de rendez-vous thématiques et de cortèges de manifestants : Des groupes qui « s'occupent de migration et d'asile et s'engagent contre le racisme et la guerre » ; des personnes de l'alliance « #noPAG – NON à la loi sur les tâches de police » ; des groupes « de tous ceux qui viennent de conflits sociaux » ou « des personnes dont le sujet est l'égalité de traitement de tous les sexes et d’identités sexuelles »11. Qualitativement significatives sont les activités des réfugiés eux-mêmes qui s'organisent en solidarité, s'adressent à la population dans leur environnement et défendent l'unification contre la politique de répression et de criminalisation du gouvernement à l'égard des réfugiés.

Naturellement, un processus intensif de clarification doit avoir lieu dans ce mouvement. La manifestation de Munich par exemple s'est clairement positionnée contre Seehofer et la CSU12. Certains participants, cependant, ont eu tendance à retirer la chancelière Merkel et l'ensemble du gouvernement – dont le SPD fait partie – de la ligne de tir. Nous devons encourager ce mouvement porteur d'avenir, y travailler activement et sur un pied d'égalité et, bien sûr, développer également un travail éducatif marxiste-léniniste sur des illusions telles que celle de l'« État de droit » présumé. Dans les mouvements progressistes il est particulièrement important de continuer à venir à bout du mode de pensée petit-bourgeois anticommuniste.



Résiliations de comptes, attaque de l'appareil d'État à l'occasion du Festival de musique rebelle, interdiction d'utilisation de la salle de culture dans le Horster Mitte13... Que se passe-t-il exactement dans la manière d’agir des forces dominantes contre le MLPD ?

Tout d'abord, il faut dire que toutes ces attaques étaient des réactions de la part des dirigeants à notre travail réussi. Ce n'est pas un hasard que la criminalisation progressive du MLPD depuis l'offensive tactique lors de la campagne électorale au Bundestag de 2017 se dirige contre les points chauds qui expriment le lien particulièrement étroit entre le MLPD et les masses. L'attaque de l'appareil d'État à l'occasion du Festival de musique rebelle de Pentecôte en Thuringe, qui était principalement dirigée contre le MLPD et des cadres dirigeants comme Stefan Engel et contre son organisation de jeunes, marque une nouvelle qualité des attaques contre le MLPD. Elle a été réalisée directement par le ministère fédéral de l'Intérieur de Seehofer.

Dans cette situation, nous avons immédiatement organisé une « petite » offensive tactique –et ceci avant même que la partie adverse n'ait pu déclencher sa campagne de propagande. Dans les villages environnants, c'était le sujet de conversation – plein de sympathie pour nous. Dans cet esprit la presse aussi a informé de manière positive, au niveau régional et national. Le vendredi matin – le soir, le festival devrait commencer – l'attaque de la police battait déjà son plein. Deux cents policiers ont encerclé le terrain, effectuant aussi des contrôles dans les villages environnants. Un plan en cas de catastrophe a été élaboré sous l'hypothèse de nombreux blessés graves. Même lorsque le tribunal administratif de Meiningen a statué en faveur du Festival, les responsables de la police n'étaient pas disposés à se retirer au premier abord. Apparemment, la consultation avec « ceux de tout en haut » était également nécessaire pour cela. Et ce n'est que vendredi après-midi qu'ils ont déclaré leur pitoyable reddition.

Une opération policière violente sur cette base se serait soldée par un désastre pour l'appareil d'État. Ils ont dû abandonner leur offensive – et ceci est le moment le plus faible de l'adversaire dans la stratégie et la tactique de guerre. Je tiens à féliciter l'ensemble du parti, notre organisation de jeunes et tous les supporteurs et les autres compagnons de lutte, alliés et artistes pour cette victoire à 100 % contre le ministère fédéral de l'Intérieur de Seehofer !

Le résultat de la lutte contre ces attaques policières contraste fortement avec la situation après les manifestations du G20 à Hambourg. Là, les dirigeants ont réussi à répandre la diffamation réactionnaire dans tout le pays sur les manifestants « d'extrême gauche » prétendument violents. Par conséquent, une vague de criminalisation a commencé, avec une chasse incendiaire publique sur Internet, des arrestations internationales, etc. Contre les attaques sur le Festival de musique rebelle était très important de poursuivre strictement la ligne de masse sur la base de la confiance en les masses. Aussi contre l'idée fausse répandue selon laquelle les gens en Thuringe seraient droitistes au-dessus de la moyenne. Le fait qu'un travail offensif et bien réfléchi a été fait ici, qu'on a fait confiance aux masses et au parti et qu'on a systématiquement conquis le leadership d'opinion – ce sont des leçons importantes pour de futurs conflits similaires.

Peu après cette défaite, il y a eu l'interdiction pour des raisons politiques d'utiliser la salle de culture du Horster Mitte à Gelsenkirchen, avec des raisons cousues de fil blanc. Ceci vise le cœur du parti avec son siège social. Cela montre seulement que les forces dominantes ne sont pas disposées à cesser de diffamer, de criminaliser et de priver le MLPD de ses droits. Ici aussi, nous sommes immédiatement passés à l'offensive. Beaucoup de gens dans le quartier et dans tout Gelsenkirchen considèrent maintenant cela comme une attaque contre eux-mêmes, contre leur salle de culture et leurs intérêts.



Comment la nouvelle qualité des attaques contre le MLPD correspond-elle à l'insignifiance prétendue qui lui a été attribuée à maintes reprises par l'État et d'autres institutions bourgeoises au cours des dernières décennies ?

Depuis quelque temps, de plus en plus de gens changent leur perception du MLPD ; ils ont du respect à l'égard de notre fermeté, et notre esprit offensif leur donne du courage. Ce respect accru repose également sur les expériences que les gens ont vécues avec nous au cours des dernières décennies : le rôle important du MLPD dans la conduite de luttes ouvrières, l'engagement désintéressé avec l'ICOR pour construire le centre médical à Kobanê / Syrie du Nord, son travail de jeunesse orienté vers l'avenir, sa position cohérente en matière de politique environnementale, le fait qu'il ne cède pas dans la question des réfugiés, la solidarité et la cohésion. Même si le MLPD est sans aucun doute encore une petite force et qu'il reste encore beaucoup à faire pour que les masses viennent à bout de l'anticommunisme moderne.

Un autre élément clé du revirement de l'état d'esprit en développement est que beaucoup de gens voient le MLPD avec de moins en moins de réserves. Il y a beaucoup moins de craintes de contact. Nous le remarquons lors de diverses manifestations, où de nombreuses personnes, en particulier les jeunes, nous rencontrent personnellement pour la première fois et réalisent : L'image déformée et anticommuniste, qui fait son effet à partir de l’Office fédéral pour la protection de la constitution jusque dans le mouvement petit-bourgeois de gauche, ne fonctionne pas.

La criminalisation et les menaces contre Stefan Engel, similaires à celles contre un « perturbateur présumé » terroriste ; les résiliations de comptes sur suspicion de « financement du terrorisme » ; le prétendu danger « pour le corps et la vie » dans la salle de culture du Horster Mitte : Ce sont déjà des armes lourdes dans la manipulation de l'opinion publique. C'est certainement une exigence élevée de s'engager pour un combat, que les forces dominantes diffament comme soutien au terrorisme. Dans ce contexte, il est impressionnant de constater à quel point la solidarité avec le MLPD contre les attaques et la criminalisation est large, souveraine et bien fondée.

L'anticommunisme moderne ne fonctionne certainement que si l'on a confiance et attachement au capitalisme régnant. On prétend qu'il doit être défendu contre le terrorisme. Ce « problème » n'est pas non plus resté caché aux dirigeants. Jusqu'à présent, par exemple, les rapports des services secrets ont délibérément répandu l'image irréelle du MLPD en tant que parti complètement insignifiant et notoirement infructueux. En revanche, le rapport du service secret de la Rhénanie-du-Nord-Westphalie, publié en juillet, doit désormais constater (dans le même esprit que certains d'autres Länder) « une augmentation considérable du nombre d'électeurs » lors de la campagne électorale fédérale de 2017, et il indique « des mesures intensives d'affichage et un niveau élevé de mobilisation » ainsi qu'une « volonté exceptionnellement élevée de faire des dons ». Ce n'est pas un hasard que la création et le développement de l'Alliance internationaliste sont également suivis de près.

Bien sûr, l'Office fédéral pour la protection de la Constitution ne fait pas une telle chose par pure approbation. Du point de vue des services secrets, la connaissance prise de nos succès se comprend comme avertissement aux divers organismes gouvernementaux de ne sous-estimer en aucun cas le potentiel révolutionnaire du MLPD.

Nous ne nous laissons pas du tout intimider par de telles attaques. Mais bien sûr, les attaques contre les droits et libertés démocratiques, les comptes ou les maisons doivent aussi nous faire du tort, nous nuire et nous discréditer et criminaliser aux yeux des masses. C'est pourquoi nous ne devons pas non plus sous-estimer de telles attaques. Les forces dominantes sont apparemment encore en désaccord sur la manière dont il faut procéder contre le MLPD actuellement : Doit-on continuer à le traiter comme « non pertinent » et donc le maintenir dans un isolement relatif dans la mesure du possible ? Ou faut-il l’attaquer ouvertement, le criminaliser et le réprimer – au prix d'un débat de masse sur les marxistes-léninistes dont nous profiterons parfaitement ?

À l'heure actuelle, nous n'avons pas encore de changement général de tactique à l'égard du MLPD, mais il est manifestement en préparation. Par exemple, le parquet de Gera a strictement refusé d'ouvrir des enquêtes criminelles en raison de la criminalisation et de la discrimination du MLPD et de son représentant dirigeant Stefan Engel. Le comportement de la police serait justifié parce qu'elle aurait travaillé sur la base d'informations provenant des services secrets. En outre, il y aurait une « marge discrétionnaire » pour la police et la lettre de « perturbateur présumé » contre Stefan Engel, parce que le MLPD s’engage en public pour le « renversement révolutionnaire de l'ordre constitutionnel libéral-démocratique ». De cette façon, de larges possibilités doivent être créées et légitimées dans le style de la justice qui réprime les convictions, pour prendre des mesures arbitraires contre le MLPD.

Les attaques ouvertes de l'État contre le MLPD sont un côté de la médaille. L'autre est que l'appareil d'État tente de plus en plus d'étendre son travail réactionnaire de désintégration contre le MLPD aussi au sein du mouvement progressiste. Ainsi l'État, par exemple le Ministère de la famille, investit beaucoup dans les fondations et organisations « anti-allemandes » scissionnistes. Ces derniers, à leur tour, dirigent leur principale poussée de plus en plus contre le MLPD. Ils travaillent en étroite collaboration avec les organismes gouvernementaux et les partis bourgeois. En 2014, par exemple, la Fondation Amadeu Antonio a reçu 870 000 euros de subventions gouvernementales. Elle publie le magazine Internet Belltower, qui donne le ton actuellement en ce qui concerne la demande d'exclure le MLPD des alliances antifascistes. Le journal avait été rebaptisé spécialement en 2017, parce qu'il n'aurait plus seulement « en vue l'extrémisme de droite ». Ce n'est pas un hasard que le président de l'Office pour la protection de la Constitution [le service secret] de Thuringe, Stephan Kramer, siège au conseil d'administration de la Fondation Amadeu Antonio.

Quelques liquidateurs de Thuringe ont rapidement œuvré pour la scission du « conseil antifasciste » qui y existe, en excluant le MLPD. Un acte absolument nuisible compte tenu du fait que, surtout en Thuringe, en tant que point de concentration des fascistes, un fort mouvement antifasciste non lié à un parti est nécessaire. Et ce sont précisément ces forces « anti-allemandes » qui ont proclamé, encore en 2016, la capitulation devant les concerts néo-fascistes de Themar. Il nous faut donc prendre en compte ce « front » aussi à l'avenir. Non pas parce que les « anti-allemands » seraient particulièrement forts ou influents, mais parce que cela nous montre avec quels moyens et méthodes cachés qui ne semblent provenir que du mouvement, l'appareil d'État travaille.



Peu après l'abandon de l’opération de la police à Pentecôte, vous avez lancé le mot d’ordre « continuer d’agir maintenant ». Jusqu’à quel point le MLPD y a réussi – surtout en Thuringe ?

La manière d’agir autour du Festival de musique rebelle confirme notre jugement sur la Thuringe comme le maillon faible de la classe dirigeante. De leur point de vue, il est bien sûr très problématique que nous ayons lancé avec succès une offensive tactique le 1er mai tout juste dans ce Land, avec des jumelages de l’organisation du MLPD à l’échelon des différents Länder avec les régions de Thuringe. Nous nous sommes présentés dans 16 localités le 1er mai, nous avons organisé dix événements locaux avec des films et discussions à l’occasion du bicentenaire de l’anniversaire de Karl Marx et nous avons noué de nombreux contacts. Il s'agit également d'une préparation pour participer aux élections au Landtag de 2019 en Thuringe avec la Liste Internationaliste / MLPD.

Sans aucun doute, l'attaque dans le contexte du Festival de musique rebelle était aussi une réponse à cela. Après notre victoire tactique, il a fallu continuer d’agir pour profiter pleinement du moment le plus faible de l'adversaire, l'interruption de sa tentative d'offensive contre nous, et pour lui donner d'autres coups. Au début, cela n'a pas été compris partout dans le parti et a été abordé de façon plutôt hésitante dans certaines régions. Pourtant, cette tactique s'est avérée tout à fait correcte : les jeunes en particulier trouvent très bien de tenir tête au gouvernement glissé vers la droite, avec ses forces policières – et même de remporter des victoires contre eux. Les victoires contre des gens comme Dirk Löther provoquent bien sûr un vrai plaisir. Et elles éveillent l'intérêt et la curiosité pour une discussion en profondeur. Lui, ancien chef de l'Inspection de la police du Land de Saalfeld et l'un des responsables du fait que le scandale NSU14 n’a pas été tiré au clair, il est aujourd'hui le chef des opérations échouées contre le Festival de musique rebelle et le MLPD.



Que va-t-il se passer maintenant en Thuringe ?

Bien sûr, travailler en Thuringe est une école spéciale pour travailler correctement dans la polarisation de la société. Ici, le revirement d’esprit progressiste est particulièrement prononcé, de même que la démagogie infâme de l'AfD et d'autres forces fascisantes ou même ouvertement fascistes. Nous devons apprendre à diriger correctement le travail dans cette situation : exploiter le grand potentiel pour organiser en particulier des jeunes, en faisant preuve d’une position claire dans la polarisation. Intensifier la polarisation face aux forces réactionnaires, au gouvernement et aux monopoles. Renforcer l'unité au sein du mouvement ouvrier et populaire et aider à venir à bout des différentes variantes du mode de pensée petit-bourgeois. Mettre en évidence l'inaptitude du Linkspartei [Parti de gauche] avec son illusion de « dompter » le capitalisme, mais pas non plus le traiter comme principal adversaire – et renforcer l'unité d'action contre le développement vers la droite avec des membres engagés.

Tout cela ne peut être réalisé qu'avec l'application consciente et ciblée de la méthode dialectique. L’ensemble du parti comprend et met en œuvre l'offensive tactique en Thuringe comme une école de la construction de parti. Il est important à l'échelle nationale d'infliger de nouvelles défaites aux forces dominantes à leur maillon le plus faible et de renforcer significativement les forces révolutionnaires. Cela doit s'exprimer en particulier en renforçant le travail marxiste-léniniste auprès de la jeunesse comme tactique de masse de la construction de parti et la construction de groupes Rebell forts. Pour cela, le parti de son côté doit d'abord aligner ses structures et, avec les membres du parti dans l’organisation des jeunes, renforcer les groupes Rebell existants dans la rébellion de la jeunesse.



Dans cette polarisation sociétale, la jeunesse semble se positionner clairement de gauche. Est-ce que cela se manifeste déjà dans le renforcement de Rebell et du MLPD ?

Depuis le début de l'année, nous avons constaté une nette reprise du débat critique et autocritique sur cette question, une augmentation des activités concernant la politique de jeunesse et une sensibilisation du parti à investir plus d'énergie dans le travail auprès de la jeunesse – ainsi qu'un intérêt et des demandes d'admission nettement plus importants de la part des jeunes. L'offensive contre la criminalisation du MLPD, de Rebell et du Festival a rapproché toutes les parties participantes. Le terrain principal de notre travail marxiste-léniniste auprès de la jeunesse est l'organisation de la rébellion de la jeunesse, actuellement notamment contre le développement du gouvernement vers la droite. En dehors de cela, il n'y a pas non plus de travail marxiste-léniniste réussi auprès de la jeunesse en tant que tactique de masse de la construction de parti.

La rébellion de la jeunesse se ranime. La majorité lors des grandes manifestations contre les lois sur la police étaient des jeunes ou des jeunes adultes. Le 22 juin, il y a eu un boycott scolaire « Ils expulsent – nous font la grève », avec des activités entre autres à Dresde, Leipzig, Würzburg, Munich, Kassel, Nuremberg, Berlin, Düsseldorf et Münster, auxquelles des centaines de jeunes ont fréquemment participé. Les groupes de masse nécessaires et aussi possibles de Rebell ne peuvent en aucun cas être construits séparément de cela. De plus en plus souvent, des situations se présentent dans lesquelles de tels grands groupes peuvent être gagnés. La question décisive est alors leur consolidation.

La méthode scientifique du travail d'organisation et de cadres de type nouveau signifie alors, par rapport aux personnes concrètes du groupe concret, réaliser les formes organisationnelles appropriées et un travail de cadre « sur mesure » en relation à des tâches de combat concrètes. Il se déroule dans la dialectique du développement en rebelle organisé et en marxiste-léniniste. Les trois rapports réciproques fondamentaux entre le MLPD et Rebell : la direction idéologico-politique par le parti, la coopération pratique et la promotion de l'indépendance organisationnelle de Rebell, ne peuvent réussir qu'avec la participation de tous les membres du parti.

Dans ce contexte – en particulier de la part de camarades travaillant auprès de la jeunesse – est apparu encore et encore, qu’il faudrait maintenant développer avant tout le système du travail auprès de la jeunesse. Mais cela ne va pas assez loin. Dans la pratique, il s'agirait simplement de « perfectionner » le ressort séparé du travail auprès de la jeunesse. Par contre, il doit s'agir de faire du travail auprès de la jeunesse sur toute la gamme du système du travail quotidien – et de comprendre qu'il s'agit d'une tactique de masse de la construction de parti. De mettre au centre à la ligne principale de combat : le travail dans et autour des ateliers d’apprentissage, aux centres de formation professionnelles et le travail syndical auprès des jeunes ; dans les quartiers résidentiels : la construction des Rotfüchse [renards rouges] et le travail avec les parents ; dans le travail environnemental et dans la résistance populaire active la rébellion de la jeunesse etc. etc.

À cela se réfère aussi l'objectif que chaque camarade est tenu à prendre une part active dans le travail auprès de la jeunesse. S’y ajoute l'objectif de 30 pour cent des forces qui se concentrent entièrement sur le travail auprès de la jeunesse. Cela est évidemment un autochangement profond de l'ensemble du travail, et nous nous sommes fixé comme tâche que chaque groupe doit développer un « plan de bataille » à cet effet.



Il y a aussi des « batailles » considérables dans la société sur le plan idéologique. Comment le MLPD s’y prépare-t-il ?

La nature du revirement progressiste de l’état d’esprit est la recherche d'une alternative sociétale par les masses. Parmi les masses, c'est aussi essentiellement un processus de réorientation idéologique. Nous devons satisfaire à cela par notre travail théorique et donner des réponses aux questions des masses. Mais aussi qualifier nos membres et nos cadres de mieux en mieux à mener de manière convaincante les affrontements idéologiques complexes. Cela signifie que, dans une telle situation, nous ne devons pas nous limiter à des arguments, des activités politiques et bien d’autres encore. Ce faisant, nous ne répondrions pas au besoin de clarification idéologique.

Les formes prédominantes actuelles de l'idéologie bourgeoise et le système du mode de pensée petit-bourgeois brouillent systématiquement l'idéologie prolétarienne et bourgeoise, le matérialisme et l'idéalisme, en particulier dans les sciences naturelles. De cette façon, les forces dominantes manipulent de façon générale la pensée, la sensibilité et l'action des masses. Le positivisme, le pragmatisme, le postmodernisme, etc. se voient attribuer une aura progressiste et sont présentés comme une sorte de troisième idéologie, au-delà des idéologies prolétarienne et bourgeoise. Mais ce sont tous des formes de l'idéologie bourgeoise. Dans une société de classe, toutes les idées et les conceptions du monde portent la marque d'une classe. Les tentatives de brouiller cela ne sont fondamentalement rien de nouveau. Dans son œuvre « Matérialisme et empiriocriticisme », Lénine les a déjà systématiquement démantelées.

Nous avons discuté au Comité central que nous devons d'abord faire un mouvement d'orientation pour l'élaboration des numéros 36/37 de l’organe théorique Revolutionärer Weg [Voie révolutionnaire] : « La crise de l’idéologie bourgeoise et l’enseignement du mode de pensée ». Ce faisant, nous étudions les fondements dans le marxisme-léninisme et dans notre ligne idéologico-politique par rapport à ces questions et nous basons tout notre travail sur eux. Sinon, il y aurait le danger d'être influencés nous-mêmes par ce chaos idéologique.

Appliquer le travail d'organisation et de cadres de type nouveau en tant que méthode scientifique s'est avérée être la bonne ligne directrice : Il sert de lien entre le travail théorique et le travail pratique et effectue également un travail de cadres, de sorte que de plus en plus de camarades sont en mesure de développer davantage la ligne idéologico-politique. Aussi pour permettre à l'ensemble du parti d'assimiler la ligne idéologico-politique de manière critique et autocritique et de la mettre en pratique de manière créative. La chose la plus importante pour l'ensemble du parti dans cette situation est donc de faire un travail idéologico-politique beaucoup plus intensif. Pour cela, nous avons besoin de plus de groupes d'étude publics, d'évaluation de fond des expériences, de discussions fondamentales, d'études personnelles plus intensives, plus de cours de dialectique – aussi dans l’organisation à l’échelon des Länder – et d'une plus forte concentration du Comité central sur la rédaction des numéros 36/37 de l'organe Revolutionärer Weg.



Tu as mis en garde contre la sous-estimation des changements en cours et des défis qui les accompagnent. Et en même temps, tu as propagé plus de calme et de profondeur dans le travail. N'est-ce pas la quadrature du cercle ?

Il n'est pas du tout facile de travailler correctement dans ces situations : vite – mais sans devenir le jouet des perturbations constantes et des manœuvres manipulatrices des forces dominantes. Sous tous les aspects – et en même temps, saisir les chaînons appropriés. De manière offensive – mais pas sans prendre les mesures défensives nécessaires. Ambitieusement – mais en gardant aussi son calme, réfléchir les choses de manière éclairée, en profondeur et dans la perspective de l’avenir jusqu'à l'action planifiée. Pondérer l’aspect idéologico-politique en tant que facteur déterminant, en l'associant à la formation et à la consolidation de nouvelles personnes et à la création de formes d'organisation appropriées.

Dans les épreuves au cours des derniers mois, cette approche dialectique consciente du travail a fait l'objet d'importantes discussions critiques et autocritiques dans notre travail de direction. On peut dire : Le Comité central, tout le parti et l'organisation des jeunes y ont fait leurs preuves ! Nous avons beaucoup appris, mais nous avons aussi appris à connaître les limites qu'il nous reste encore à surmonter. Ces culminations expriment en particulier les forces et les faiblesses de chaque individu, des collectifs etc. ; et il vaut la peine de les évaluer soigneusement et d'en tirer des conclusions. Dans les semaines à venir, le Comité central réalisera aussi à cet effet des visites dans le parti et l'organisation des jeunes et discutera de ces questions.

Il est important de concentrer les forces sur l'essentiel. Dans certains cas, de nouveaux développements importants n'ont pas été reconnus dans les groupements au niveau des Länder. Selon le critère de la « lutte contre l'activisme », le travail n’a donc pas été orienté de manière efficace et flexible sur ces développements. Dans la lutte contre le culte de la spontanéité de son côté, il est crucial comment nous utilisons ces tâches pour renforcer le parti. Des camarades de Berlin-Mitte [centre de Berlin] rapportent qu'ils auraient distribué le tract de manière insuffisante immédiatement après le Festival de musique rebelle, mais en même temps sous une grande tension des forces. Ils l’ont évalué et, à l’occasion du tract revendiquant la démission du gouvernement, ils ont combiné leurs forces de façon ciblée et inclus des amis et des contacts. Ils ont alors réussi à distribuer le tract des milliers de fois à Berlin, dont la moitié par des gens indépendants du parti auparavant J'ai également discuté de manière critique avec des camarades de Stuttgart, pourquoi le travail lors d'une manifestation – à laquelle participent surtout des jeunes – n'est pas principalement utilisé pour s'adresser à tout et chacun, si lui ou elle voudrait devenir membre de Rebell, et pour l'ancrer activement. C’est de cette manière que l’on renforce les forces en combat, la cohésion, l’apprentissage mutuel – de nouvelles personnes deviennent des porteurs actifs du travail –, au lieu de nous y épuiser parce que c'est toujours le même « noyau dur » de personnes qui font le travail. Cela renforce également l’objectif des protestations respectives, car l'organisation et la prise de conscience augmentent.

La situation exige surtout encore beaucoup plus de compagnons de combat dans nos rangs – dans la lutte pour le véritable socialisme. Alors seulement, face aux remous d’une situation mondiale qui change de façon fulgurante, face aux luttes émergentes et aux exigences accrues qui se posent aux marxistes-léninistes, nous serons en mesure de relever les nouveaux défis, de renforcer nos forces et de bien maîtriser nos tâches importantes !



Merci beaucoup pour l'interview !

1 « Jouer cartes sur table », interview du 4 juillet 2018 à la télé de l’ARD

2 Frankfurter Allgemeine Zeitung du 26/6/2018

3 BDA : Confédération des associations patronales allemandes ; BDI :Association fédérale de l’industrie allemande ; DIHK : Association des chambres de commerce et d’industrie allemande ; ZDH : Confédération allemande de l’artisanat

4 Stuttgarter Zeitung du 19/06/2018

5 ARD-Deutschlandtrend de juillet 2018

6 stern.de du 2 juillet 2018

7 Alternative pour l'Allemagne (en allemand : Alternative für Deutschland, abrégé en AfD)

8 Sueddeutsche Zeitung du 5 juin 2018

9 Journal télévisé quotidien de l’ARD

10 Seebrücke = Pont sur la mer, alliance pour le sauvetage de réfugiés ; Seehofer = ministre allemand de l'Intérieur

11 www.ausgehetzt.de

12 CSU = Union chrétienne-sociale

13 Horster Mitte = Centre de Horst, bâtiment à Gelsenkirchen-Horst, abritant aussi le siège du Parti

14 NSU Nationalsozialistischer Untergrund (mouvement clandestin national-socialiste) groupuscule fasciste qui a assassiné neuf immigrés et une policière – NdT

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